Depuis sa création en 1972, le service Patrimoine et Inventaire de la Région Centre-Val de Loire conduit des enquêtes selon une approche dite « topographique » qui s’attache, sur une aire d’étude donnée, à repérer l’ensemble du patrimoine architectural et du mobilier public pour une période allant du Moyen Âge au 3e quart du XXe siècle. Achevé en 2017, l’inventaire du patrimoine du canton de Bléré (Indre-et-Loire) a ainsi permis de redécouvrir certaines œuvres, de retrouver les relations qu’elles entretiennent ou d’identifier leurs auteurs.
La verrière représentant Notre-Dame de Boulogne, située dans la deuxième travée de la nef de l’église paroissiale Sainte-Marie-Madeleine d’Azay-sur-Cher a été réalisée en 1944 par le maître-verrier Pierre Petit (1910-1985). Elle fait référence à la statue de Notre-Dame du Bon Recours de Boulogne-sur-Mer dont quatre reproductions circulèrent en France entre 1943 et 1946, réceptacle des vœux des Français priant pour la fin de la guerre et le retour des prisonniers. Le nom du commanditaire n’est pas écrit mais ce dernier est facilement identifiable grâce à la représentation de la façade de son château de Leugny bâti sur la même commune. L’observation du dessin, de la mise en plomb et la date de réalisation ont permis d’attribuer au même auteur, ou à son atelier, deux verrières civiles formant une porte à deux vantaux jusqu’alors méconnue, installée dans une demeure privée en Indre-et-Loire.
Elle représente la vision de saint Hubert et a été réalisée vers 1960. Le sujet s’inscrit dans un décor plus largement dévolu au thème de la chasse. Bien qu’installée dans un bâtiment civil, cette représentation reste fidèle au répertoire hagiographique auquel le maître verrier était attaché ; il est d’ailleurs principalement connu pour avoir réalisé les sept verrières de la grotte Sainte-Marie-Madeleine à la Sainte-Baume (Var).
Dans l’église de Francueil, une verrière du chœur porte la signature de l’atelier Amand Clément de Saint-Michel à Chédigny et la date « 1885 ». Elle figure une sainte reine bénissant qui n’était pas identifiée. C’est la comparaison avec une autre verrière, repérée dans le cadre de l’inventaire des vitraux du département d’Indre-et-Loire qui a permis d’en préciser l’iconographie. En effet, dans l’église de Savigné-sur-Lathan, une verrière porte l’inscription : « Sainte Marguerite reine d’Ecosse occupée de l’éducation de ses enfants et du soin des pauvres ». Cette dernière a été réalisée en 1876 dans l’atelier Jules Fournier à Tours avec la collaboration d’Armand Clément. Celui-ci reprend donc à Francueil un thème traité neuf ans plus tôt, en modifiant les personnages qui accompagnent sainte Marguerite et en mettant à la mode « troubadour » le costume du jeune homme distribuant les pains.
Don vraisemblable d’un paroissien, une statuette en terre cuite estampillée « L.D. » a été retrouvée dans l’église de Chisseaux. Le lieu de la découverte est surprenant puisqu’il s’agit d’une figuration profane, à savoir une jeune femme enveloppée dans un long manteau à capuche, sans doute confondue avec une représentation de la Vierge. C’est l’œuvre du sculpteur et médailleur français Louis Dejean (1872-1953) qui a réalisé plusieurs statuettes représentant de jeunes Parisiennes mondaines dans des attitudes semblant prises sur le vif. Cette œuvre a été réalisée entre 1901 et 1905 ; il en existe une épreuve en plâtre conservée au musée du Petit Palais à Paris qui a été présentée lors de l’exposition « Paris 1900 » en 2014.
Martine Lainé, chercheur au service Patrimoine et Inventaire de la Région Centre-Val de Loire
En savoir plus sur l’étude du canton de Bléré :
– Consulter les dossiers d’inventaire.
– Publication « Bléré en vallée du Cher, Chenonceau et ses environs ».