Bombardée à plusieurs reprises pendant la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction de la ville de Sully ne commence qu’à la fin du conflit. Marquée par une grande cohérence, cette Reconstruction vient de faire l’objet d’une étude par la direction de l’inventaire du patrimoine.
Bombardée à plusieurs reprises pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville de Sully ne commence à être reconstruite qu’à la fin du conflit. Marquée par une grande cohérence, cette Reconstruction vient de faire l’objet d’une étude par Christel Palant-Frapier, chercheur au service Patrimoine et Inventaire.
Du 15 au 18 juin 1940, Sully-sur-Loire connaît une première vague de bombardements allemands pour détruire le pont, franchi par les nombreux réfugiés du Nord fuyant les troupes nazies. Dévasté par le gigantesque incendie qui s’ensuit et qui détruit les nombreuses maisons à pan de bois, le centre-ville est en ruines. Le 6 juillet 1944, la ville est à nouveau bombardée par les alliés qui pilonnent le pont à peine reconstruit.
Dès 1940, le préfet du Loiret, Jacques Morane, impulse un plan de reconstruction du centre-ville, global et homogène tout en laissant place à une certaine variété architecturale. Le centre-ville projeté est moins dense qu’avant, les îlots plus grands. Jacques Morane fait appel à l’urbaniste Jean Royer et à l’architecte Léon Bazin pour assister les communes du Loiret dans l’élaboration de plans de reconstruction. Léon Bazin, architecte en chef de la Reconstruction de Sully, coordonne le projet à l’échelle de la ville. La construction des îlots est placée sous la responsabilité de Georges Blareau qui supervise les différents architectes travaillant sur les bâtiments. Ce système favorise une certaine diversité du bâti. En 1944, le quartier Saint-Germain est intégré au nouveau plan de reconstruction et, retardés par l’occupation allemande et le manque de moyens, les premiers travaux ne commencent qu’après la Libération.
Les premiers plans d’urbanisme (1940-1945) oscillent entre régionalisme et modernisme, entre les modèles traditionnels locaux et une architecture en phase avec les nouvelles tendances. Finalement, à la fin des années cinquante, c’est un compromis qui est trouvé : l’utilisation de la brique, la conservation des artères principales dans le plan rappellent la Sologne et l’ancien Sully mais l’architecture est bien ancrée dans son temps. On constate aussi deux époques dans la Reconstruction de Sully : de 1945 à 1950 environ, les immeubles présentent une architecture recherchée aux détails soignés (ferronneries travaillées, décors de portes diversifiés, jeux de briques en façade et sur les corniches…). A cette époque, l’îlot 13, formé par les rues du Grand Sully, des Écoles et le boulevard Jeanne d’Arc, donne l’occasion d’expérimenter de nouvelles méthodes de gestion de chantier, comme le regroupement de plusieurs entreprises sous la coordination d’une entreprise plus importante, ici l’entreprise de René Cossonet. Puis, dans les années 1950, les architectes bâtissent plus vite : tout en gardant une grande qualité architecturale, les lignes se font plus simples et plus normalisées.
De manière générale, les logements sont constitués de petites pièces (environ 9 m²) et souvent desservis par de larges couloirs et parties communes. Les rez-de-chaussée sont fréquemment occupés par des boutiques et un logement est prévu à l’étage pour le commerçant et sa famille. Parmi les belles surprises de l’étude, Christel Palant-Frapier a pénétré dans des appartements n’ayant pas changé depuis les années 1950 : agencement des pièces, papiers peints, décoration, mobilier offrent un style totalement homogène.
L’étude du service Patrimoine et Inventaire, qui a été présentée aux Sullilois lors d’une conférence le 30 juin dernier, a donné des clés de compréhension de cet important programme de reconstruction de la ville : pourquoi et comment a-t-il été mené, quelles décisions l’ont orienté, qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Elle ouvre également quelques pistes de réflexion sur son devenir et permet aux élus, aux habitants et aux associations de mieux comprendre leur patrimoine et de se saisir des enjeux de sa conservation tout en l’adaptant aux usages actuels.
Pour en savoir plus sur la Reconstruction dans le Loiret, venez à Sully visiter l’exposition
« La Reconstruction dans le Val de Loire 1940-1953 – Le Loiret, atelier de la ville de demain », réalisée par la Maison de l’Architecture du Centre et le CAUE du Loiret.
Espace culturel de l’église Saint-Germain – Sully-sur-Loire
Ouverture : du mercredi au dimanche et jours fériés 14h30 – 17h30. Entrée libre.
La série « Paysages », réalisée par France 3 Centre-Val de Loire, a suivi l’étude et a consacré deux reportages à la reconstruction de Sully :