Photographie au jardin

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Jardins du château de La Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire) © Région Centre-Val de Loire, Inventaire général, Thierry Cantalupo

« De la cathédrale à la petite cuillère ». À l’Inventaire général du patrimoine, la formule a fait flores et, depuis presque 60 ans, dessine le vaste périmètre de ses études.
En région Centre-Val de Loire, le service Patrimoine et Inventaire (SPI) a étendu son terrain de jeu en abordant les jardins remarquables puis les jardins d’utilité. Ces derniers ont donné lieu à la dernière publication du service : « Potagers et jardins d’utilité en Région Centre-Val de Loire [Inventaire photographique] ».

Plus habitué à l’étude de l’architecture et des objets mobiliers, le SPI, pour désigner le jardin comme espace de patrimoine, c’est-à-dire sous l’angle culturel, historique ou scientifique, a dû s’en approprier codes et typologie. Comment, en quelque sorte, aborder le jardin avec les méthodes qui nous guident pour l’étude d’une cathédrale ou d’une petite cuillère ?

Le photographe qui, à l’Inventaire général du patrimoine, participe pleinement à cette entreprise de recherche, est confronté aux même problématiques que le chercheur.
Dans les jardins, la tentation est grande de s’adonner, plus qu’ailleurs, à la « belle photo ». De verser dans l’esthétisme pur. De chercher le cadrage et les couleurs qui flatteront à l’envi le lieu et le photographe. Or, sa mission s’attache, là encore, à produire des images qui documentent l’objet de l’étude.
Pour y parvenir, le photographe s’appuiera sur les travaux de son collègue chercheur pour essayer, en première instance, de comprendre cet espace, pour « penser jardin » !
Mais trouver les lignes, les perspectives, les volumes, les réalités propres à chaque jardin est moins aisé que pour une cathédrale.

Le « jardin d’utilité », à l’encontre de son cousin le « jardin d’agrément », n’a pas le souci primordial de l’esthétique, son dessin répond à d’autres logiques. S’il n’est souvent pas dénué de beauté, ses contraintes sont d’abord techniques. Il est donc important que la photo qui documente le jardin d’utilité rende compte au mieux et en un minimum de vues, de ses éléments constitutifs, qu’ils soient techniques ou historiques.

Mais chaque jardin a son lot de charme. Les senteurs, les couleurs, les fruits qui éclosent en promesses nouvelles, tout ici invite à la rêverie et le photographe de l’Inventaire du patrimoine, nonobstant l’exigence de sa noble mission, se laisse aller parfois au souvenir du poète :
« Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pétillant chaque fleur d’une humide étincelle »
(Paul Verlaine)

Thierry Cantalupo, photographe au service Patrimoine et Inventaire de la Région Centre-Val de Loire

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