Une photo d’inventaire, pourquoi, comment ?

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Une photo d’inventaire est une photo scientifique. Elle résulte de la rencontre du souhait d’un chercheur et du savoir-faire d’un photographe. A travers la photographie de ces bâtiments agricoles situés sur la commune de Mer (Loir-et-Cher), nous allons retracer la vie d’un cliché d’inventaire. Cette image a été prise par Thierry Cantalupo, photographe, à la demande de Martine Lainé, chercheur, dans le cadre de l’étude d’inventaire sur les fermes de la Beauce, territoire s’étendant sur trois départements de la région Centre-Val de Loire : L’Eure-et-Loir, le Loiret et le Loir-et-Cher.

Paysage de Beauce avec des champs de blé et des bâtiments agricoles
Bâtiments agricoles à Mer (Loir-et-Cher) © Région Centre-Val de Loire, Inventaire général, Thierry Cantalupo
Description de l’image

Le sujet de cette photographie est un ensemble de bâtiments agricoles dans leur environnement. Le hangar situé à droite comprend un silo intérieur. A gauche, nous voyons deux silos extérieurs accolés à un édifice plus ancien. Entre les deux, se trouve le boisseau. C’est ici que les camions viennent récupérer les céréales contenues dans les silos. Ces édifices se situent à proximité d’un bosquet et sont implantés sur des parcelles agricoles qui s’étendent du premier au dernier plan.

Une photographie de contexte

Les photographies figurant dans les dossiers d’inventaire sont commandées par le chercheur afin d’apporter des éléments figurés pour contribuer à la description du sujet étudié. Les vues d’ensemble sont, le cas échéant, accompagnées de vues de détail. Cette image de bâtiments agricoles est une photographie de contexte. Dans les dossiers d’inventaire, on distingue deux types de photographies : celles qui donnent le contexte de l’étude et celles permettant d’étudier un bâtiment donné. Ici, la photographie sera intégrée à la présentation de l’aire d’étude pour présenter des paysages et édifices typiques du territoire.

En revenant d’une visite de ferme, nos deux professionnels ont remarqué ces silos. Dans ce paysage dégagé, ils ont attiré l’attention de Martine Lainé car ils permettaient de documenter la présence de silos isolés sur ce territoire. Ce type de bâtiment agricole n’est généralement pas imaginé par des architectes, mais conçus par des ingénieurs ; c’est donc l’intérêt technique de la construction qui prime.

Même si ces bâtiments ne vont pas être étudiés en détail car ils ne remplissent pas tous les critères pour faire l’objet d’un dossier, cette prise de vue est important car, comme Martine Lainé le rappelle bien, « comme toutes les photographies du service patrimoine et inventaire, celle-ci sera conservée pour témoigner de ce qui existe aujourd’hui et sera archive demain ».

Les choix techniques du photographe

La photographie d’inventaire est avant tout une photo documentaire.  L’objectif est de montrer les structures telles qu’elles sont, le plus objectivement possible. « Le photographe répond à la demande du chercheur et son but est moins de faire transparaitre sa personnalité que de restituer une bonne lisibilité de l’objet photographié », explique Thierry Cantalupo.

Le photographe est l’expert qui va traduire la démonstration du chercheur en image grâce à la composition et à la technique. Cette photographie a été réalisée à partir d’une seule prise de vue. Thierry Cantalupo s’est positionné un peu en hauteur sur un pont de chemin de fer pour la réaliser.  Le sujet voulu par le chercheur, les bâtiments, a été mis en avant dans son environnement d’origine. Outre son intérêt scientifique pour le chercheur, ce sujet tient aussi à cœur à Thierry Cantalupo qui aime s’attarder sur un patrimoine considéré comme modeste. « Il n’a rien de prestigieux mais on doit l’aborder de la même manière que lorsqu’on photographie une cathédrale » explique-t-il.

Au-delà du bâti, Thierry Cantalupo a souhaité évoquer le relief inattendu du paysage beauceron en choisissant un point de vue plus élevé. Il s’est positionné à distance du bâtiment pour faire honneur aux volumes, à l’aide de grandes perspectives, tout en mettant en avant « l’horizontalité » des champs de la Beauce.

De retour au bureau, le photographe effectue une première sélection de photographies répondant aux demandes du chercheur. Celles sélectionnées bénéficieront d’une post-production numérique. Toutes ces étapes réalisées par le photographe apporteront, inévitablement, une légère subjectivité au document.

Après le dossier d’inventaire, les photos ont encore une vie

Grâce à l’expertise du photographe dans la prise de vue et le traitement mais aussi à cette petite part de subjectivité, ces photographies scientifiques pourront avoir d’autres usages, notamment de valorisation du patrimoine. Elles illustreront ainsi les publications, pourront figurer dans des expositions ou attirer le regard des curieux sur les réseaux sociaux. Si l’intérêt scientifique et documentaire conditionne la prise de vue, rendre le public sensible à la beauté du patrimoine est la cerise sur…la photo !

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