La recherche : pierre angulaire de l’inventaire général du patrimoine culturel

Publiée le 9 septembre 2017

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Un chercheur et une stagiaire observant un édifice dans le canton de Bléré.

La mission première du service Patrimoine et Inventaire de la Région Centre-Val de Loire (SPI) est d’étudier le patrimoine culturel de son territoire et de produire une connaissance fiable et normalisée à destination de tous : historiens, spécialistes et professionnels du patrimoine, élus et décideurs mais aussi particuliers, enseignants, etc. Le chercheur est le premier artisan de cette mission.

Les chercheurs conduisent des études sur un territoire donné ou un thème particulier. Parmi les territoires ou thèmes d’études récents ou en cours : le canton de Bléré (Indre-et-Loire), la vallée de la Brenne dans le Pays Loire-Touraine (Indre-et-Loire), le patrimoine des Parcs naturels régionaux du Perche (Eure-et-Loir) et de la Brenne (Indre), la statuaire publique en Région Centre-Val de Loire, les aménagements portuaires de la Loire, l’Hôtel de Région à Orléans, etc. Ils arpentent le terrain, repèrent les édifices ou le mobilier dignes d’attention. Ils ne s’intéressent pas seulement aux châteaux reconnus, aux cathédrales ou aux œuvres mobilières majeures, ils mettent également en lumière un patrimoine moins connu : les fermes, les granges, le mobilier domestique, le patrimoine industriel, les forges, les moulins, etc. Une maison de ville ou de village, un lavoir, une église qu’on a tellement vue qu’on ne la remarque même plus, des décors en céramique qui ornent un grand magasin, tout cela peut retenir l’attention du chercheur et intégrer le large champ du patrimoine. C’est notamment ce travail de terrain,  identifiant l’objet ou l’édifice in situ, dans son contexte géographique et historique direct, qui intéresse Florence Cornilleau, conservatrice du patrimoine au SPI. 

Dans ce cadre, le sens du contact humain et la diplomatie sont nécessaires car ouvrir sa porte à un inconnu n’est pas toujours facile. Claude Quillivic, chercheur au SPI, apprécie particulièrement ces rencontres avec les propriétaires d’édifices ou les curieux croisés dans la rue. Le dialogue, voire parfois le débat  qui s’engage « lors d’une enquête, le plaisir de partager avec les gens, la découverte, ou plutôt la re-découverte de leur lieu de vie passé au scanner de nos yeux  de spécialistes » lui sont chers. « Nous devons nous montrer patients et attentionnés, tout en conservant notre vivacité dans l’observation et l’analyse de notre objet d’étude ».

Mais le terrain ne suffit pas à une étude d’inventaire ! Afin de retracer l’histoire de ce patrimoine, les chercheurs se rendent dans les centres d’archives, les bibliothèques ou les musées. Là, grâce aux plans anciens, aux cartes postales, aux dossiers d’archives, ils remontent le fil du temps et restituent la vie d’un bâtiment ou d’un objet. Afin de compléter et d’illustrer le dossier, ils font appel aux deux photographes et à la topographe-cartographe du service qui les accompagnent sur le terrain ou aux archives.

Puis vient le temps de la synthèse et de la publication des données. Parmi tous les édifices qu’ils ont vus, les chercheurs retiennent les édifices majeurs (édifices religieux, châteaux, etc.) et environ 20 % des bâtiments plus courants, sur lesquels ils établissent un dossier. Le reste peut être évoqué dans les dossiers collectifs par famille de bâtiment (fermes, demeures, moulins, etc.). Chaque construction, chaque objet sélectionné est décrit par une notice normalisée et les clichés des photographes (différentes vues in situ, plans, dessins). Les sources consultées sont également citées. Autrefois sous forme papier, les dossiers d’inventaire sont aujourd’hui entièrement rédigés en format électronique. Ils sont mis à disposition du public via le centre de documentation du service Patrimoine et Inventaire, les bases du ministère de la Culture et de la Communication et la plate-forme de diffusion de données du SPI, alimentées par la gestionnaire de données. Les dernières études publiées sont : les aménagements portuaires de la Loire (région Centre-Val de Loire), la Reconstruction de Blois (Loir-et-Cher) et la commune de Thiron-Gardais dans le Perche (Eure-et-Loir), le 1% culturel des lycées publics de la région Centre-Val de Loire.

Afin de diffuser les études sous une forme encore plus accessible, les chercheurs concluent aussi souvent que possible l’étude par une publication au sein des trois collections nationales de l’Inventaire général du patrimoine culturel. Entièrement conçue dans le service grâce à la maquettiste, l’ouvrage reprend les grandes lignes de leur travail, illustrée des photographies réalisées à cette occasion. Un lancement sur le terrain d’étude accompagne la nouvelle publication et permet de sensibiliser les habitants aux qualités patrimoniales de leur cadre de vie.

Pour Florence Cornilleau, les chercheurs sont en quelque sorte des « inventeurs » de patrimoine et font progresser la connaissance artistique et historique de nos territoires, « de la cathédrale à la petite cuiller » selon la formule d’André Malraux !

Découvrez une partie des études réalisées dans la rubrique ETUDIER > ETUDES de notre site.

Un chercheur photographiant un édifice dans une rue étroite d’Amboise.

« Certains sont ravis d’ouvrir leur porte, comme ce propriétaire pour montrer un deuxième niveau de cave qu’il avait découvert et dont l’existence avait été oubliée car la cave avait été transformée, il y a probablement plusieurs siècles, en fosse septique ! »

« L’observation minutieuse du terrain a permis de repérer une technique particulière de construction des granges sur le plateau de la Champeigne tourangelle, bâties sur des structures entièrement charpentées. L’analyse dendrochronologique (méthode de datation du bois par l’examen de ses cernes) a permis d’en dater certaines des XVe et XVIe siècles et de révéler leur ancienneté jusqu’alors insoupçonnée. Faute de les identifier correctement et d’en faire connaître la valeur historique, ces bâtiments, souvent mal adaptés aux nécessités du monde agricole contemporain, risqueraient de disparaître sans bruit ».

Lors de la visite de repérage à Brèche (Indre-et-Loire) pour l’étude « Statuaire publique », Matthieu Chambrion est surpris de découvrir sur place un buste du chirurgien français Alfred  Velpeau différent de celui du sculpteur Espelosin (1897) figurant sur les cartes postales anciennes.

Quelques mois plus tard, il retourne sur les lieux avec un photographe mais la pluie les oblige à se réfugier dans l’église qui borde la place et ils y découvrent  un autre buste en marbre d’Alfred  Velpeau, identique à celui de la place, signé Dantan Jeune et daté de 1858. L’averse a donc permis de révéler l’existence d’un autre buste qui a peu ou prou servi de modèle au nouveau monument, après que l’œuvre d’Espelosin a été détruite et fondue sous l’Occupation.

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