Le service Patrimoine et Inventaire (SPI) prête plusieurs expositions sur le patrimoine du territoire régional, mais elles ont été conçues pour un public francophone. Or de nombreux touristes étrangers visitent la région Centre-Val de Loire tout au long de l’année. Aussi le SPI a souhaité leur proposer des traductions qui puissent leur être utile, à eux ou à leurs enfants.
Afin de se rapprocher encore davantage de l’université de Tours, le SPI a proposé à la faculté de lettres et langues de traduire les panneaux des expositions et les livrets de jeux pour les enfants. Deux professeurs d’allemand et d’espagnol, ainsi que leurs étudiants de licence et de master Études culturelles (pour l’espagnol), ont répondu à l’appel et se sont prêtés à cet exercice de mise en situation professionnelle.
Plutôt habituée à traduire des textes littéraires et des articles de presse, Erika Simonel, étudiante en master Études culturelles, a apprécié cette « découverte d’une nouvelle approche de la traduction tout en acquérant de nouvelles connaissances, que ce soit au niveau du vocabulaire ou des techniques de traduction à proprement parler ». « Nous avons pu mettre en pratique quelques aspects que nous avions abordés dans le cours de Traductologie : avoir en tête le public cible lors de la traduction, définir l’objectif de la traduction (traduit-on le sens ou la forme aussi, par exemple ?), réfléchir à quelle variation de la langue espagnole il faut privilégier, les différentes stratégies de traduction (amplification, explicitation), entre autres », explique Yekaterina García Márkina, maître de conférences en Linguistique hispanique. Les étudiants ont dû se glisser dans la peau de traducteurs professionnels qui peuvent être confrontés à des champs lexicaux très différents, voire inconnus, suivant les commandes.
Le vocabulaire spécialisé de l’architecture et du patrimoine était en effet la principale difficulté de l’exercice. Andrea Tatiana Lucero Hernández, étudiante en en master Études culturelles, le confirme : « ce n’était pas un travail facile parce qu’il y avait beaucoup de vocabulaire très technique qui, pour moi en tant qu’hispanophone, était complexe à traduire. Bien souvent, j’ai eu recours aux images afin de réaliser la meilleure traduction possible. Ceci me permettait de donner la signification correcte à un mot déterminé dans le contexte culturel dont on parlait. ». Même son de cloche du côté de l’allemand. Les étudiants de Jasmin Brühmüller, chargée de cours, se destinent plutôt à des travaux en lien avec le commerce, le droit, le marketing et l’actualité et sont donc peu familiers du lexique de l’histoire de l’art et du patrimoine. Les étudiants devaient d’abord comprendre le sens du mot en français puis le traduire au mieux, « en jouant sur les équivalences linguistiques (certains termes ne trouvant pas leur traduction exacte en espagnol ou bien de façon peu usuelle), tout en gardant à l’esprit que le vocabulaire employé devait être le plus intelligible possible » décrit Erika Simonel. Comme elle, les futurs traducteurs ont multiplié les supports de recherche (dictionnaires unilingue et bilingue, recherche par les images, utilisation de dictionnaires spécifiques, etc.). Bien sûr, les professeurs étaient présents pour les assister dans ce délicat travail d’orfèvre.
La production d’un outil concret et immédiatement utile aux touristes a également beaucoup intéressé les étudiants. Ainsi Andrea Tatiana Lucero Hernández est heureuse d’avoir pu contribuer à une meilleure connaissance et compréhension du patrimoine de la région Centre-Val de Loire par d’autres hispanophones.
Grâce à cette fructueuse collaboration pédagogique, toutes les expositions photographiques du SPI sont désormais dotées d’outils de médiation pour recevoir les visiteurs européens. Prochaine étape : la langue anglaise !