Depuis la création de l’Inventaire général en 1964, la photographie tient une place de choix dans les études. En effet, chaque dossier d’inventaire est accompagné de plusieurs clichés, la plupart disponibles ensuite dans la plate-forme de diffusion des dossiers d’inventaire. Depuis ses origines en 1972, le service Patrimoine et Inventaire de la Région Centre-Val de Loire emploie deux photographes professionnels pour conserver la mémoire du patrimoine architectural et mobilier.
Dans le dossier, les photographies ont la même valeur descriptive que la notice et représentent un témoignage de l’état d’un objet ou d’un édifice à un instant donné. Le cliché d’inventaire doit être une restitution fidèle et objective du sujet afin de permettre l’interprétation la plus juste. Les effets artistiques sont bannis et l’on préfère des vues frontales. La photographie est aussi un moyen de connaissance de l’objet, c’est parfois elle qui révèle la date ou la signature sur certains objets peu accessibles (vitraux, peintures, etc.).
A cette fin, le service Patrimoine et Inventaire dispose d’un large matériel : boitiers, objectifs, chambre, pieds, éclairages, escabeaux, balais, etc. Les photographes se déplacent rarement sans la camionnette qui transporte tout ce matériel car elle permet de faire face à toutes les situations : éclairer un objet, révéler une sculpture, reproduire un tableau, pallier un éclairage naturel insuffisant dans une pièce sombre, être à hauteur pour photographier des vitraux, trouver la meilleure vue, faire face aux défis posés par des circonstances inattendues.
Chercheur et photographe constituent un binôme où l’échange et le dialogue sont essentiels. Le chercheur explique ce qu’il veut que l’on comprenne de l’objet, ce qu’il souhaite voir représenté et le photographe fait les choix de matériel de prise de vue, d’éclairage, de cadrage et de composition pour obtenir le meilleur rendu possible. Un cliché peut, par exemple, mettre en évidence une reprise de maçonnerie pour justifier la construction en plusieurs étapes d’un édifice. La restitution complète du sujet nécessite souvent plusieurs prises de vue : l’objet dans son environnement, vues générales ou rapprochées, en extérieur et en intérieur. Le photographe évite les personnages qui risquent de perturber la description. Sont aussi photographiés des documents d’archives qui restituent l’état de l’édifice à différentes époques : plans, cartes, cartes postales, cadastres, etc.
Une bonne photographie d’inventaire satisfait aux exigences du chercheur et à celles du photographe en termes de composition, de cadrages, de lumière, etc.
Pour Thierry Cantalupo, photographe au service du Patrimoine et de l’Inventaire, cette collaboration continue après la prise de vue. Dans la publication ou l’exposition, son point de vue d’auteur est complémentaire à celui du chercheur et il peut enrichir le propos grâce à son expertise de l’image.
Dans cet exercice de commande, comment le photographe trouve-t-il sa place ? En conciliant les souhaits du chercheur et son vocabulaire propre. Le cadrage, la composition, la profondeur de champ, le choix de la lumière, naturelle ou artificielle, les éclairages sont du ressort du photographe. Vanessa Lamorlette-Pingard, photographe au service du Patrimoine et de l’Inventaire, explique qu’il existe une photographie idéale de l’objet mais tous les paramètres sont rarement réunis pour la réussir. La part du photographe consiste alors à s’en approcher le plus possible en jouant avec les conditions du moment. Le « développement » du cliché est un autre aspect important du travail personnel du photographe. Bien que numériques, les clichés sont longuement travaillés après la prise de vue pour un meilleur rendu de couleurs, de contraste et de densité.
Enfin, l’archivage des images est un point capital de la photographie d’inventaire puisqu’elle doit être pérenne. Les fichiers sont immatriculés, décrits dans une base de données et versés sur un serveur d’archivage, lui-même dupliqué sur un serveur miroir.